Miriam Makeba dénonçant la politique d'apartheid à la tribune de l'ONU en 1963.
La chanteuse sud-africaine Miriam Makeba est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 76 ans d'une crise cardiaque alors qu'elle venait de chanter pendant une demi-heure lors d'un concert dédié au jeune auteur de "Gomorra" à Castel Volturno près de Naples. Revenons sur le parcours de cette chanteuse exceptionnelle.
Miriam Makeba reste sans doute la chanteuse sud-africaine la plus célèbre. Sa chanson "Pata pata" a fait le tour du monde et a été reprise à plusieurs reprises. Elle incarne surtout la volonté de donner une place de choix aux cultures africaines, trop souvent marginalisées.
Née le 4 mars 1932 à Johannesburg, Miriam Makeba commence très jeune à chanter. A 20 ans, elle est une des principales choristes du groupe "Manhattan Brothers", une formation très populaire. Son talent évident lui permet bientôt de s'imposer en solo.
En 1956, elle écrit ce qui deviendra un tube légendaire : la chanson "Pata, Pata". Sa renommée dépasse les frontières du continent africain. En 1959, elle apparaît dans un film clandestin ouvertement anti-apartheid, Come back to Africa, qui lui vaut une invitation en Europe. Harry Belafonte la repère à cette occasion et enregistre un album avec elle, "An evening with Harry Belafonte et Miriam Makeba", récompensé d'un grammy awards.
Miriam Makeba multiplie alors les déclarations anti Apartheid. En 1963, l'un de ses discours virulents -et pourtant porteurs de paix- à l'Unesco met le feu aux poudres. Le gouvernement Sud Africain l'empêche de rentrer dans son pays (lorsque sa mère décède, la chanteuse n'obtiendra pas le simple droit d'assister aux obsèques). Elle s'installe aux Etats-Unis et s'engage bientôt aux côtés des mouvements d'émancipations afro-américains.
Miriam Makeba se lie aux Black Panthers et épouse le leader du mouvement, et théoricien du Black Power, Stokely Carmichael, devenant aussitôt persona non grata dans son pays d'accueil.
Miriam Makeba et son Stokely Carmichael.
La voilà de nouveau contrainte de s'exiler. La Guinée de Sékou Touré l'accueille à bras ouverts et le leader du pays associe les nouveaux époux à sa propagande. Choyée par le régime, Miriam Makeba enregistre de nombreux albums dans divers styles et langues d'Afrique. Ni son divorce (1978) ni la mort de Sékou Touré (1984) ne lui font quitter Conakry. En 1987-88, elle est l'invitée spéciale de Paul Simon sur sa tournée mondiale Graceland.
En 1991, avec la fin de l'apartheid, Miriam Makeba (qui n'a cessé de soutenir l'ANC) retrouve son pays et chante pour le nouveau président, Nelson Mandela.
Nous ne retiendrons qu'une seule chanson de Makeba, ce sublime morceau "Teya teya" que l'on retrouve sur la réédition "the guinea years", que nous vous recommandons chaudement.
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Liens:
- Les musiciens contre l'Apartheid, première partie.
- Les musiciens contre l'Apartheid, deuxième partie.
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