mardi 15 janvier 2008
Histoire des Afro-américains en musique (1) : gospel et work songs.
Sister Rosetta Tharpe.
La musique populaire américaine, plongée dans un contexte précis, aborde très souvent les thèmes d’actualités, ce qui permet ainsi de se plonger dans l’histoire d’une population. Nous allons ici nous intéresser à l’histoire des luttes des Afro-américains par le biais des chansons.
Negro Spirituals:
* L’Eglise joue un rôle essentiel dans le processus de construction communautaire (l’Eglise baptiste en particulier). Cette foi des Noirs trouve à s’exprimer dans une forme musicale nouvelle, très originale : les negro spirituals.
Les Negro spirituals ont pour thèmes la résemption, le triomphe de l'espoir sur la misère et la délivrance. Ces chants reflètent la foi profonde des Afro-américains et renferment parfois des messages cachés de résistance, que la plupart des maîtres d’esclaves ne peuvent pas comprendre, à l’instar d’un negro spiritual traditionnel du XIXème siècle, Go down Moses, qui évoque le triste sort des Hébreux, réduits en esclavages en Egypte et leur quête de liberté ( parrallèle avec la situation des esclaves noirs). « When I was in Egypt land/let my people go/oppressed so hard they could not stand/let my people go ».
Afin de s’exprimer sans risques, les esclaves noirs américains se dotent, au début du XIXème siècle, de tout un jargon de métaphores, incompréhensibles des maîtres blancs. De nombreuses chansons, hermétiques pour ces derniers, circulent de plantations en plantations (underground railroad).
Paul Robeson lors d'une manifestation contre les lois Jim Crow.
Paul Robeson, grand interprète de Negro Spirituals et artiste aux nombreux talents, consacre son existence à la lutte contre le racisme et les inégalités sociales. Adhérent du parti communiste, très impliqué dans la lutte pour les droits civiques et le combat syndical, il fait l’objet de toutes les attentions de la part des autorités. Il s’attire notamment les foudres de McCarthy. Son passeport lui est même retiré et tout est mis en œuvre pour briser sa carrière.
Paul Robeson interprétant "Go down Moses"
* Le mot gospel signifie "Evangile" (littéralement good spelle, bonne parole). Ces chants religieux chrétien des Afro-américains se développent au début du XXème siècle. L'intervention des instruments y est beaucoup plus fréquente que dans les Negro-spirituals. La référence au Nouveau Testament fréquente, alors que son aîné s'intéresse surtout à l'Ancien Testament. Enfin, dans le gospel, la mélodie principale est lancée par le prédicateur (preacher), puis reprise en écho par les fidèles.
Ci-dessous, un titre de siter RoseTTa Tharpe, une chanteuse de gospel très populaire, qui s'accompagne à la guitare.
* Les esclaves qui cultivent les champs de cotons chantent fréquemment afin de se donner du coeur à l'ouvrage ou pour communiquer entre eux. Ces worksongs, chants de travail, donnent naissance à des ballades du folklore noir comme John Henry, l'histoire d'un noir robuste qui travaille sur les chemins de fer et se tue à la tâche pour rivaliser avec un marteau piqueur.
Ci-dessous, une prière désespérée chantée par Vera Hall. Ce titre fut enregistré par le musicologue Alan Lomax, à Livingston (Alabama) en 1937. Vous connaissez? Sans doute car Moby a samplé la voix dans un de ses tubes.
Sources principales:
- Peter Guralnick:"Sweet soul music_ rythm and blues et rêve sudiste de liberté", éditions Allia,2003.
- Sebastien Danchin:"Encyclopédie du Rythm and blues et de la soul", Fayard, 2002.
- "Freedom. Une histoire photographique de la lutte des noirs américains", Phaidon, 2005.
- Gérard Herzaft:"La grande encyclopédie du blues", Fayard, 1997.
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