Jimi Hendrix immole sa guitare lors de son concert à Monterey.
Depuis 1965, le
quartier d’Haight-Ashbury à San Francisco est devenu un centre d’attraction essentiel. Des milliers de jeunes américains, en rupture avec les valeurs de leurs parents, affluent dans ce quartier. Ils rejettent la société consumériste qui domine dans tous les pays capitalistes, dénoncent l’impérialisme américain, à commencer par l’intervention au Vietnam, de plus en plus massive. Ils aspirent à d’autres choses et veulent connaître de nouveaux horizons. A ce titre, les voyages sont célébrés :
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voyages vers l’Asie, dont les civilisations et les valeurs spirituelles ancestrales fascinent. Nombreux sont les jeunes occidentaux à tenter le voyage en Inde ou au Népal. En 1968, les Beatles se rendent en Inde afin d'apprendre la méditation transcendantale auprès du Maharishi Mahesh Yogi.
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voyages intérieurs aussi grâce à la consommation de substances hallucinogènes capables d’altérer la conscience et les perceptions, notamment le LSD. Le message est clair, « everybody must get stoned » (« tout le monde doit se défoncer ») comme l’ordonne Dylan. De fait, lors des rassemblements de hippies, une grande partie de l’assistance se trouve sous LSD (trip).
Affiche du festival.
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voyages sonores enfin. Le rock psychédélisme ambitionne, à son tour, de faire planer l’auditoire en utilisant toutes les possibilités offertes par l’électrification des instruments, mais en recourant aussi aux jeux d’ombres et de lumières sur scène (light show). Le bien nommé
acid rock, en plein essor, se caractérise ainsi par :
- la
longueur des morceaux, qui s’affranchissent du cadre étriqué de la chanson rock standard, qui excède rarement les trois minutes (en lien aussi avec le format 45 tours). Les titres du Grateful Dead, par exemple, s’épanouissent souvent au-delà des vingt minutes, particulièrement sur scène où ils se lancent dans de riches improvisations.
George Harrison et Ravi Shankar.
-
l’utilisation d’instruments rares ou exotiques : sitars et tablas indiens (le guitariste des Beatles George Harrison fait de nombreux émules en utilisant le sitar dont il apprend à jouer auprès de Ravi Shankar), cruche utilisée par le Thirteen Floor Elevators.
-
saturation des instruments, qui permet l’altération des sons, la distorsion, recours à la pédale wah wah ou au fuzz. La perception des notes est modifiée comme la conscience lors d’un trip. Tout ce tient… Hendrix utilise constamment ces procédés afin de produire des sons évocateurs (son morceau Machine gun où on croit entendre des crépitements d’armes).
Grace Slick et Janis Joplin.
Les « enfants fleurs » se réunissent bientôt pour écouter les groupes d’acid rock. En janvier 1967, 30 000 spectateurs protestent dans le Golden Gate Park de San Francisco contre la récente interdiction du LSD et écoutent à cette occasion Janis Joplin, Grateful Dead ou encore le Quicksilver Messenger Service. Lors de ces « Human be-in », les participants doivent se libérer et repousser toute forme d’inhibition (amour libre, consommation de drogues et de produits macrobiotiques).
Le
festival pop de Monterey, en juin 1967, constitue le premier véritable festival de musique tel qu’on les conçoit aujourd’hui avec une billetterie, la vente de produits dérivés (alimentation macrobiotique à l’époque, achat de fripes) et la succession des groupes sur scène.
Pour les observateurs de l’époque, deux ans avant Woodstock, ce festival de Monterey s’avère bien supérieur musicalement au premier, malgré une notoriété moindre. Pendant trois jours, du 16 au 18 juin 1967, il réunit 40 000 personnes dans un champ à 180 km au sud de San Francisco. Les images de Pennebaker, qui filme le festival, révèlent une atmosphère bon enfant entre les participants, souvent défoncés à l’acide.
Le producteur et un des membres du groupe californien des Mama’s and the Papa’s sont à l’origine du projet, organisé pour aider des associations caritatives. Il n’en coûte qu’un dollar pour écouter de la musique debout. L’affiche rassemble de nombreux groupes phares du moment : les Mama’s and the Papa’s bien sûr ; les folkeux Simon and Garfunkel ; le sitariste indien Ravi Shankar, seul musicien payé, qui demande à une assistance médusée de ne pas fumer pendant ses 3heures de raga ; les Who qui fracassent leurs instruments sur scène au grand dam du public ; le Canned Heat et les Byrds, tous deux dans un jour sans ; Scott Mckenzie, auteur de l’hymne hippie « San Francisco ».
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