Des livres, des films, des émissions, des musiques, de l'art pour apprendre et comprendre le monde

Du nouveau pour 2009 : Lire-écouter-voir devient Samarra !

Après un an de bons et loyaux services, Lire-écouter-voir fait peau neuve. Nous allons désormais continuer ce qui a été entrepris sur un blog partenaire du site Mondomix consacré à toutes les musiques du monde.

Ce nouveau blog s'appelle Samarra et a démarré depuis quelques jours. Nous allons continuer à y publier des articles sur les sujets et les supports (BD, manga, musique, films, livres, peinture,...) qui ont fait le quotidien de Lire-écouter-voir en 2008.

Rendez-vous tout de suite sur Samarra !

mardi 12 février 2008

Rambo, symbole de l'Amérique triomphante ou désenchantée ?

Personnage de guerrier invincible, Rambo incarné par Sylvester Stallone va devenir le symbole de l’Amérique triomphante des années 80. Avec la sortie de John Rambo, Sylvester Stallone ressuscite ce personnage pour le montrer vieillissant mais encore dévastateur. Si le boxeur Rocky Balboa, l’autre personnage fétiche de l’acteur incarne plutôt la classe ouvrière américaine, l’ ex commando d’élite John Rambo va lui représenter à la fois la mauvaise conscience de l’Amérique comme son anti-communisme le plus outrancier. Retour sur un personnage qui devient un enjeu historique dans les années 80…

Le film "Rambo : First Blood" fondateur de la série, s'inscrit dans la vision désenchantée de l'Amérique suite à la défaite au Vietnam.

Ancien commando d'élite, John Rambo n'a pu se réacclimater à un pays qui n’a rien eu de plus pressé que de vouloir oublier ses vétérans, symbole d’une guerre perdue dont elle ne veut plus parler. Devenu une sorte de vagabond, Rambo subit les vexations du shérif d’une petite bourgade des Rocheuses. Arrêté puis molesté par le policier et ses adjoints, Il finit par exploser, dévaste le commissariat et redevient la bête de guerre qu’il a été. Réfugié dans les montagnes, il est traqué par la garde nationale mais s’avère un gibier plus dangereux que ses chasseurs. Alors que toutes les autorités veulent s’en débarrasser seul le colonel Trautman, son ancien formateur, comprend le traumatisme de l’ancien soldat et tente de calmer le jeu.

Le film est sorti en 82 mais il a été écrit à la fin des années 70. Ronald Reagan vient tout juste d’être élu et le souvenir de la sale guerre est encore vif. Le désenchantement de la décennie précédente est encore palpable dans ce film. La fin originale qui avait même été tournée faisait tuer le personnage dans un dernier baroud inutile contre les forces de l’ordre. Le film sous ses allures de production d’action met le doigt là où ça fait mal. Le retour au pays d’une génération traumatisée par cette guerre perdue et que personne n’attend à la maison.

C’est, malgré la présence de Stallone, un film à relativement petit budget sur lequel peu de gens aurait misé. Il marquera durablement les esprits et s’inscrit parmi les meilleurs films d’action de la décennie 80.

Trois ans plus tard, Rambo revient pour un Rambo II qui part dans une direction diamétralement opposée.


Le vétéran est tiré de la prison où il croupit pour les destructions causées dans le premier opus afin de repartir secrètement au Vietnam vérifier si des prisonniers américains ne s’y trouveraient pas encore détenus. Là, pour sortir ses camarades des prisons où ils croupissent, il se rebelle contre ses commanditaires qui veulent éviter l’incident diplomatique et affronte leurs sadiques geôliers vietnamiens qui sont en plus épaulés par une escouade de spetsnaz, les soldats d’élite soviétiques.


Barbara et Ronald Reagan au coté de Stallone et de son épouse de l'époque l'actrice Birgit Nielsen

En 85 l’ambiance n’est plus la même. « America is Back ». Ronald Reagan a relancé la guerre fraîche contre l’empire du mal soviétique. D’ailleurs le président Reagan aurait déclaré après avoir vu le film «Si l’Amérique a un problème, nous saurons qui envoyer… ». L’heure n’est plus à l’apitoiement mais à l’offensive contre l’hydre communiste. Rambo va, court, vole et venge l’Amérique en traversant des rideaux de balles et des bombardements au napalm, regagnant pratiquement la guerre du Vietnam à lui tout seul.

Le film devient le symbole de la puissance américaine retrouvée. Il relance la vraie question des disparus « missing in action », ces soldats abandonnés sur place aux mains de l’ennemi à la fin de la guerre du Vietnam et qui selon le scénario aurait été volontairement oubliés là bas par des politiciens soucieux de négocier la paix à tout prix. Le film n’est pas très subtil mais diablement efficace. Le personnage devient dans le monde entier le symbole de l’Amérique triomphante et volontaire. Ce n’est pas un hasard si les Guignols de l’info utiliseront la marionnette de Stallone quelques temps plus tard pour symboliser la puissance militaire américaine. Le film n’est pas le seul sur le créneau et toute une série de productions de films de guerre à succès copieront ce modèle alimentant pour les américains le fantasme d’un conflit qui aurait pu être gagné si on y avait mis les moyens…

En 1988, Rambo part cette fois-ci en Afghanistan pour affronter directement les soviétiques qui occupent le pays et délivrer le colonel Trautman retenu prisonnier après une opération ratée d’aide aux maquisards afghans

Prévu pour relancer Stallone dont la carrière commence à s’essouffler, le film joue la carte de la surenchère envoyant Rambo directement face à l’armée rouge. Très manichéen (gentils résistants afghans contre vilains russes tortionnaires), le film dédié au courageux peuple afghan devient risible tant Rambo apparaît ici comme un surhomme invulnérable abattant des hélicoptères à l’arc. Sa sortie, bien que rentable, n’eut pas le succès escompté, en effet l’air du temps a commencé à changer et le film arrive un peu trop tard. Les relations sont devenues beaucoup plus cordiales avec l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir en URSS et l’amélioration des relations américano-soviétique est à l’ordre du jour. Signe des temps une semaine avant la sortie américaine, Gorbatchev annonce le départ des soviétiques d’Afghanistan.

Faute d’ennemi à combattre et suite à la faillite de Carolco, la maison de production possédant les droits du personnage, Rambo s’endort jusqu’en 2008 pour ressortir aujourd’hui dans John Rambo qui nous présente un vétéran vieilli dans un monde qui ne s’est pas calmé avec la chute de l’empire soviétique. Le film, scénarisé et réalisé par Stallone lui-même nous présente donc un Rambo âgé mais toujours massif qui s’est retiré dans la jungle thaïlandaise pour y chercher la paix de l’âme. Un groupe de missionnaires naïfs et légèrement illuminés l’engage pour les mener en Birmanie, en territoire Karen, une ethnie minoritaire qui subit de la part du gouvernement militaire birman un véritable génocide. D’abord réticent à s’impliquer, il reprend les armes lorsque les missionnaires sont enlevés par des militaires birmans lors de l’attaque du village où ils se sont installés.

Ce nouveau Rambo est en rupture par rapport aux précédents. Pas d’ennemi idéologique à affronter ici, le film décrit une de ces interminables « guerre de basse intensité » qui ensanglante le monde et qui ne font pas la une des médias. Un gouvernement narco-militaire qui massacre et réduit en esclavage des populations entières dans l’indifférence générale. Les grands gouvernements internationaux, américains en tête sont absents. Seuls des humanitaires, ici les missionnaires d’une église évangélique, sortes de boy-scouts bourrés de bons sentiments mais un peu en dehors des réalités semblent se préoccuper de ce qui s’y passe. Rambo n’est plus le super soldat de l’Amérique mais juste un gars paumé qui comprend que ce qu’il sait le mieux faire au monde, c’est tuer. Alors il le fait, parce que c’est le plus simple et peut-être le plus efficace, même si au bout du compte ça ne change jamais rien.

Soyons honnêtes, le film ne va pas très loin et l’arrière plan birman est surtout un prétexte pour ressusciter un personnage chargé d’un imaginaire encore porteur commercialement après le succès de Rocky Balboa. Rambo ne se bat plus pour l’Amérique, ni pour lui-même mais juste parce qu’il est fait pour cela. Stallone et son visage ravagé par les opérations esthétiques ratées apporte une véritable puissance au film. Mais bon, ce qui reste surtout c’est l’incroyable déchaînement de violence du film qui me font le déconseiller aux plus jeunes et aux plus sensibles. Que ce soient les soudards birmans qui s’amusent à envoyer les civils courir dans les champs de mines ou Rambo lui-même qui arrache des carotides à mains nues, on est abasourdi par la violence des images. Les têtes explosent, les membres sont arrachés sous les impacts, de quoi faire passer le débarquement du « Soldat Ryan » pour « Bambi ». La guerre ce n’est pas beau et le film le montre complaisamment.

Rambo au final revient dans son pays où il n’est plus ni un rebelle, ni une icône patriotique. Juste quelqu’un qui veut rentrer chez lui. Le ras-le bol de la guerre en Irak est passé par là. Stallone est un républicain mais confesse avoir été très déçu par Bush et son administration. Il appelle à voter John McCain, ancien prisonnier lors de la guerre du Vietnam qui, tout en glorifiant les valeurs traditionnelles américaines et en appelant à poursuivre l'intervention en Irak a été un des premiers à dénoncer les excés de l'administration Bush dans le bourbier irakien. Stallone dans ce film semble déterminé mais aussi plus désabusé : la force a parlé en Irak ou ailleurs. Ce n'était pas une belle chose mais aux yeux de nombreux américains, c'était nécessaire face au terrorisme. Encore une fois Rambo illustre l’état d’esprit de l’Amérique profonde. Il a fallu faire la guerre et cela a été fait. Il est temps de rentrer à la maison maintenant, sans triomphalisme, mais sans honte…

dimanche 10 février 2008

L'atelier populaire et les affiches de mai 68

Depuis quelques semaines, les revues et journaux succombent à la tentation commémorative. Mai 68 a quarante ans et les discours hostiles de Sarkozy pendant la campagne électorale de 2007 n'ont pas complètement entaché la nostalgie bienveillante de certains, pour ce moment assez unique dans notre histoire contemporaine.
Dans les manuels scolaires, dans les revues ou sur les nombreux livres édités sur les évènements, on retrouve des affiches où le rouge et le noir dominent. La plupart sont des sérigraphies sorties de l'Atelier populaire (c'est-à-dire l'école des Beaux-Arts de Paris), elles reprennent les slogans de la rue, diffusent les idées de mai 68....Ces affiches sont en quelques sortes les documents qui témoignent le mieux l'effervescence libertaire de ce moment historique. Qui sont les artistes qui ont réalisé ces affiches, comment l'atelier populaire a-t-il fonctionné ? Quelles sont les techniques employées ?

L'Ecole des Beaux-Arts, la sage, l'endormie est investie par les étudiants le 14 mai 68. Durant deux jours, des assemblées générales réorganisent l'école qui prend le nom d'Atelier populaire. Contrairement aux idées reçues, cette période est marquée par une réelle organisation, nécessaire à la production en masse d'affiches. Les premières assemblées définissent les nouvelles orientations de l' institution : réorganiser le système éducatif, établir un lien avec les grévistes ouvriers et utiliser l'art comme un outil de propagande.





On décide d'afficher à l'entrée de l'école le texte suivant : Travailler dans l'atelier populaire, c'est soutenir concrètement le grand mouvement des travailleurs en grève qui occupent leurs usines contre le gouvernement gaulliste anti-populaire. En mettant toutes ses capacités au service de la lutte des travailleurs, chacun dans cet atelier travaille pour lui, car il s'ouvre par la pratique au pouvoir éducateur des masses populaires".

La première affiche est une lithographie intitulée : U sines - U niversités - U nion



La lithographie, vieux procédé de reproduction ne permettait cependant pas de produire rapidement et massivement des affiches. Lors de l'assemblée du 14 mai, l'artiste, Guy de Rougemont propose d'utiliser la sérigraphie. Presqu'inconnue en France, cette technique n'était pas considérée comme assez noble et assez précise par de nombreux artistes qui lui préféraient la lithographie ou la gravure.

En quoi consiste la sérigraphie ?
Le livre Atelier populaire, présenté par lui-même publié par UUU en 1968 explique concrètement les différentes étapes afin sans doute d'en diffuser la technique au plus grand nombre.
Pour faire simple, la sérigraphie s'inspire du pochoir. Elle consiste à boucher les parties que l'on ne veut pas voir imprimer d'une soie (à l'origine mais en 68 on utilise le nylon moins coûteux). La soie se tend sur un châssis de bois et une raclette sert à étaler l'encre qui traverse et s'inscrit à aux endroits non obturés. Les affiches de mai 68 allaient presque toutes utilisées cette technique marquée de sa simplicité : absence de dégradé, mono ou bichromie (le plus souvent)...imposant une esthétique un peu naïve à la production. On retrouve beaucoup d'affiches qui ne sont en fait que du texte...ce qui les rapproches des graffitis qui se multiplient sur les murs de Paris durant cette période.
Très rapidement les ateliers produisent plusieurs milliers d'affiches par jour.



Comment les étudiants ont-ils réussi à produire autant d'affiches ?

L'Atelier populaire se compose en fait d'un atelier où l'on conçoit les affiches et de plusieurs ateliers où on les réalise : atelier de sérigraphie (le plus important), de lithographie, de pochoir et une chambre noire.
Une assemblée générale se réunit quotidiennement réunissant tous les militants et artistes. Lors de cette AG, on choisit les projets démocratiquement après débat.
Les projets d'affiches sont généralement faits en commun après une analyse de la situation politique et des événements de la journée ou après des discussions aux portes des usines. Deux questions sont généralement posées : l'idée politique est-elle juste ? L'affiche transmet-elle bien cette idée ?
Puis les projets acceptés sont réalisés par les équipes des ateliers qui se relaient nuit et jour. Des dizaines d'équipes de colleurs se sont constituées, rejointes par celles des comités d'action de quartiers et de comités de grève des usines.

Les responsabilités au sein des ateliers ne devaient être que provisoire et donc tournantes selon la nécessité. Ainsi l'Atelier populaire devint une institution ouverte et démocratique qui attira plus de 300 artistes et des milliers d'étudiants qui donnaient un coup de main plus ou moins ponctuellement.

(photos extraites du livre Mai 68, les mouvements étudiants en France et dans le monde, BDIC,1988)



Qui sont les acteurs de cette formidable production ?

Il est difficile de citer des noms puisque la plupart des affiches ne sont pas signées. Cela n'était pas dans l'esprit. Malheur à l'artiste qui aurait eu l'outrecuidance de signer son œuvre.
Nous citerons quelques artistes qui ont attesté plus tard de leur participation dans cette expérience assez unique : Gérard Fromanger, Guy de Rougemont, Julio le Parc (membre du GRAV : groupe de recherche et d'art visuel) ... Des artistes tchèques vont aussi participer à ces ateliers... ils seront (selon Fromanger) à l'origine des affiches qui dénonceront l'invasion soviétique en août 68.


Existe-t-il une esthétique propre aux affiches de mai 68 ?
Comme nous l'avons déjà souligné, les contraintes techniques de la sérigraphie avaient influencé profondément la forme de ces affiches.
Pour autant, il ressort de cette production concentrée en un lieu, en un temps et par un groupe d'artistes (qui débattent beaucoup), une sorte d'unité véritablement originale.
Les affiches sont le plus souvent textuelles et manuscrites. Les slogans, les messages qui sont retranscrits sont marqués par une profonde spontanéité issue sans aucun doute en partie des slogans scandés dans la rue. Fromanger raconte ainsi que les ouvriers, les étudiants venaient aux AG pour proposer ou soumettre leurs idées. Les affiches saisissent ainsi la fraîcheur du mouvement et diffuse rapidement les mots d'ordre ainsi que les thématiques : De Gaulle, les CRS et leur violence, la liberté, les grèves dans les usines etc...

En analysant la plupart des affiches, on constate donc des récurrences : une image qui frappe couplée d'un texte court et percutant. On joue avec des formes, des dessins simples en aplats. Le texte brut se retrouve en haut ou en bas de l'image dialoguant avec. L'aspect brut de la réalisation, et l'humour ou la férocité des slogans contribuent à donner une impression de force et d'efficacité des messages véhiculés. Ainsi ces affiches ont joué un rôle dans la mobilisation et dans la diffusion des idées résolument libertaires de ces quelques semaines.

Ces images efficaces et belles aujourd'hui pullulent non plus sur les murs de nos villes mais sur les sites et les blogs de la toile. Ne doutons pas que le marchandising y mettra d'ici peu son nez.... fabricant tasse, T-Shirt, sac pour nos lycéens en quête d'icône et de messages un peu subversifs mais pas trop !

Voici quelques liens qui vous donneront accès à plusieurs centaines d'affiches.

Blog dédié à mai 68

200 affiches à voir


Enfin, voici quelques affiches moins connues dont la cible est le Général






































JC Diedrich

vendredi 8 février 2008

Zipang : la marine japonaise entre passé et présent

La série

Début du XXIème siècle, le Japon a une constitution pacifiste depuis sa défaite en 1945. Le pays ne possède d'ailleurs pas d'armée mais des "Forces d'autodéfense" (3ème budget mondial tout de même...). Un navire japonais, le Mirai, lève l'ancre pour participer à des manoeuvres en Amérique du Sud. Après un violent orage, beaucoup de choses vont changer... Le navire se retrouve impliqué dans la bataille de Midway en 1942 ! Des hommes préparés pour maintenir la paix doivent-ils participer à la guerre ? Si oui, comment ? Doivent-ils s'interposer ? Doivent-ils tuer pour changer le cours de l'histoire ?


jeudi 7 février 2008

Un disque par sa pochette.

Certaines pochettes de disques font référence, directement ou pas, à des épisodes historiques, d'autres empruntent à des courants artistiques spécifiques. Nous nous intéresserons ici à quelques pochettes surprenantes.






La pochette du disque de Rage against the machine et la photo originale de l'immolation du bonze Thich Quang Duc en 1963.

* Au Sud Vietnam, une dictature proaméricaine très corrompue, dirigée par Ngô Dinh Diêm, s'impose après l'accession de l'Indochine à l'indépendance (par les Accords de Genève en 1954). Rapidement,l’opposition contre le régime de Diêm grandit. Ainsi, en guise de protestation, des bonzes se suicident en s’immolant publiquement.

Cette célèbre photographie est reprise par le groupe de rock Rage against the Machine, qui fustige le capitalisme sauvage et l'impérialisme américain à longueur d'album.



Pochette du groupe de rap the Roots.

* Cette photographie saisissante fut prise lors d'une émeute à Brooklyn, on y voit deux adolescentes affolées qui fuient terrorisées devant les forces de l'ordre. Ces émeutes des ghettos noirs américains sont récurrentes à partir de la seconde moitié des années 1960 (la plus célèbre reste sans doute celle du quartier noir de Watts à Los Angeles en 1965). Une répression implacable s'abat généralement sur les émeutiers et, d'une manière général sur tout Afro-américain présent sur place.
L'excellent groupe de rap The Roots frappe fort avec l'album Things fall appart, considéré par beaucoup comme leur chef d'oeuvre.

free music







* Le groupe de rock à succès Franz Ferdinand s'inspire directement du peintre et photographe constructiviste Alexander Rodchenko (1891-1956), dont il détourne une oeuvre pour illustrer la pochette de leur second album. La pochette du premier s'inspirant à n'en pas douter du Bauhaus.
Ils récidivent avec la pochette du single take me out.




* L'art psychédélique constitue une forme d'"art" largement utilisée pour les pochettes de disque. Bien sûr les groupes de rock psychédélique ou d'acid rock optent pour les distorsions visuelles et les lettrages déformés censés reproduire la vision d'un consommateur de stupéfiant. Souvent très kitsch, ces pochettes se caractérisent par l'utilisation de couleurs agressives, d'une police déformée, de dessins aux contours flous. Voici deux exemples illustres:


La pochette du Forever changes de Love, un des meilleurs groupe d'acid rock de Los Angeles.

The red telephone par Love, une autre manière d'envisager la Détente.
free music



La pochette psychédélique du 13th Floor Elevators. Le groupe adopte ce nom en référence à l'absence de treizième étage dans les buildings aux Etats-Unis.

* Le Velvet Underground profite, quant à lui, des talents de son mentor, le pape du pop art, Andy Warhol. Ce groupe culte new yorkais emmené par Lou Reed fréquente avec assiduité l'atelier de Warhol, la factory, et s'y produit même à l'occasion.



free music


* La jeunesse en colère de la fin des années 1960 aux Etats-Unis rejettent la société de consommation et les valeurs dominantes, qui sont celles de leurs parents. Des organes de presse indépendants relaient cette contre-culture en gestation. Un des dessinateurs les plus célèbres de l'époque, Crumb, dessine la pochette du Cheap Thrills du Big brother and the Holding company mené par Janis Joplin.


La célébrissime pochette du Cheap Thrills du Big brother and the holding company. dessinée par Crumb.

* Les groupes d'acid rock utilisent parfois les pochettes de leurs albums pour provoquer ou véhiculer un message. La pochette de l'album Volunteers du Jefferson Airplane, un des groupes phare du Frisco sound (épicentre du mouvement hippie) tourne en dérision le patriotisme yankee. La chanteuse du groupe fera d'ailleurs l'objet d'une surveillance rapprochée de la part des autorités étant donné son soutien actif au Black Panther's Party.



Pochette d'un album du groupe de rock psychédélique Jefferson Airplane.

* Henri Salvador s'adonne ici à une de ses grandes passions, faire rire et se déguiser. Il revêt ici les habits du Duc Tho et d'Henry Kissinger, les deux négociateurs de la paix au Vietnam (les accords de Paris sont signés en 1973). Ils recevront d'ailleurs conjointement le prix Nobel de la paix en 1973.


Pochette d'un disque d'Henri Salvador.

* Enfin revenons sur une pochette sortie au mauvais moment. L'album Party Music du groupe de rap The Coup sort en septembre 2001. Cette pochette élaborée quelques mois auparavant devait illustrer l'anticapitalisme foncier du groupe. Boots Riley y fait exploser les tours jumelles du World Trade Center, symbole de la puissance économique et du capitalisme Américain à l’aide d’un accordeur de guitare.

Le jour de la sortie officielle de l’album, le 11 Septembre, la fiction devient réalité. Cette coïncidence fâcheuse place le groupe dans une mauvaise posture. The Coup refuse d’être assimilé avec ces actions terroristes et décide de retirer ses disques des bacs et de changer la pochette de ce "Party Music", devenu centre de toutes les attentions. Un simple cocktail explosif remplace alors les deux tours en feu.



La pochette du groupe the Coup qui fit scandale.

free music


N'hésitez pas à me signaler des pochettes de disques en rapport avec l'histoire ou dignes d'intérêt. Merci d'avance.

mercredi 6 février 2008

L'Iran, la Révolution, l'exil, l'adolescence : Persepolis de M. Satrapi

Marjane n'est qu'une enfant à la fin des années 1970. Elle vit en Iran. Ces parents sont des opposants au régime dictatorial du Shah. Elle va connaître le renversement de ce régime par une révolution populaire progressivement confisquée par les islamistes. Port du voile, examen religieux à l'entrée à l'univeristé, impossibilité de fréquenter les garçons en toute quiétude. Tout cela forge son caractère, endurci par un passage en Autriche où ses parents l'ont envoyée 14 ans pour la "protéger". L'Iran qu'elle nous montre est un Iran intime, à hauteur d'enfant puis d'adolescent. Il est loin de la caricature monolithique que l'on présente souvent en occident. Marjane sait s'aménager des espaces de liberté, de dialogue et de plaisir.
Cette BD est un instrument exceptionnel pour comprendre l'histoire de l'Iran depuis les années 1950. Je n'ai pas vu le film réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud mais il me semble aller dans le même sens.


Extraits


L'examen idéologique pour entrer à l'université


Un extrait du film, le père de Marjane lui explique l'histoire récente de l'Iran :



Marjane Satrapi explique la difficulté de passer de la BD au cinéma :



La bande-annonce du film :


Liens

Un site consacré à Marjane Satrapi et à son travail, les réactions en Iran à la sortie du film en France. Une interview avec Marjane Satrapi à la sortie de la BD.
Sur le blog terminales, la chronologie interactive sur le Moyen Orient au XXème siècle.


mardi 5 février 2008

Mémoires d'un immigré : la mondialisation selon Wyclef Jean

A l'âge de 10 ans, Wyclef Jean a quitté Haïti pour vivre à Brooklyn et rejoindre son père qui avait immigré auparavant. Il y rencontre Pras Michel et Lauryn Hill avec lesquels il va fonder le groupe Fugees (contraction de refugees). Avec The Score en 1996, le groupe fait un triomphe. C'est toujours l'album hip-hop le plus vendu jusqu'à ce jour (18 millions) ! Le groupe se sépare et Wyclef démarre une carrière solo. Malgré quelques tentatives (ratées) de reformation du groupe, c'est donc un album solo qui est sorti en 2007.

Wyclef est très préoccupé par les problèmes de la planète. Ces chansons sont imprégnées de ce souci. Parmi d'autres, on se souvient de la chanson million voices écrite pour le film bouleversant, Hotel Rwanda. Il agit concrêtement pour son pays d'origine, Haïti, pour lequel il a créé une fondation et dont il parle dans ses chansons ("rouge et bleu" dans la chanson Touch your button carnival jam, un tour du monde avec le carnaval en Afrique, Asie, Brésil, Haïti en 13 minutes 29 secondes !). Il avait participé en 2006 à l'enregistrement de l'hymne américain en espagnol pour exprimer le soutien aux manifestations des Hispaniques pour plus de reconnaissance.(vidéo ci-dessous)



Avec cet album solo, Wyclef Jean écrit un hymne à l'immigration et au métissage. Voici ce qu'il déclare à Libération :
«Avec ce disque, je veux montrer que l’univers est construit sur l’immigration (...). Il faut respecter les immigrants, car n’importe qui peut le devenir un jour. J’ai été ce gosse dans un village qui se promenait sur un âne. Mon père était clandestin en Amérique, il était venu d’abord avec un visa de travail de deux mois, après il a disparu dans la nature. Il se cachait dans des sous-sols d’immeubles pour fuir les services d’immigration. Puis, il a fait deux enfants aux Etats-Unis et m’a fait venir dans le cadre du regroupement familial. L’immigration locale n’a pas contrôlé mon ADN…»

Ses chansons sont donc un tour du monde en musique sur les traces des migrants de la planète. De multiples invités apportent avec eux des sonorités très variées et métissées. Je cite pêle-mêle Daniela Mercury, Sizzla, Akon, Chamillionaire, Paul Simon, Norah Jones, Passi, Shakira entre autres. La chanson-symbole de ce message est Hollywood meets Bollywood. Voici la chanson puis les paroles :

free music


[Intro: Wyclef Jean]
Good morning America
I wanna welcome y'all to Egypt, the land of the pyramids, yeah
We got the UK in the house, U.S., India
Jerusalem, people in Israel, shalom~!
In the New Jerusalem, Jersey, ya HEARRRRRD me
China, Africa, South America
My people in Russia, I see y'all in Brooklyn
Canada, Asia, okay, let's go - yeah
Hollywood to Bollywood
Get ready India, I'm coming!
Wyclef, Chamillionaire, talk to them

[ www.azlyrics.com pour la suite]


Ecoutez et regardez la chanson avec Norah Jones (une de mes préférées !):



Une chanson enregistrée avec
Passi évoque les émeutes de 2005 en France, c'est Paris on fire.

free music


Des liens :
Un entretien avec Wyclef par
Libération, un autre avec Rap2K. Le site de Wyclef Jean, sa page sur Myspace (pour écouter les chansons de l'album). Le site de sa fondation pour Haïti, Yele. Sa biographie et celle des Fugees sur Wikipedia.

dimanche 3 février 2008

Quand la soul s'engage.

La musique soul puise ses racines dans le gospel, auquel fut incorporé la fougue du rythm’n’blues. Cette musique puissamment émotionnelle se développe dans la foulée du succès de Ray Charles en 1954, pour atteindre son plein épanouissement au cours des 1960’s. Dans un premier temps son public se compose principalement de Noirs élevés dans l’ambiance désinhibante de L’Eglise, et de quelques jeunes admirateurs blancs séduits par ces chants qu’ils entendent à la radio.



A l’origine, comme pour le rock’n’roll, la soul exprime une rébellion. Pete Guralnick écrit dans son ouvrage de référence Sweet soul music : « lorsque Ray Charles se mit à transformer les plus célèbres chants sacrés en sanglots d’extase séculière, il se heurta à de nombreuses critiques, principalement de la part des membres du clergé. »

free music


La "Soul" est d'abord littéralement l'"âme" noire perceptible dans toutes les voix des musiques noires religieuses (Gospel, Negro-Spirituals) ou profanes (Blues, Jazz, Rythm'N'Blues). La chanteuse Sarah Vaughan disait: "Il faut mettre de la "Soul" dans son chant". Le terme indique ainsi la symbiose entre l'âme et la voix de l'interprète.



Sébastien Danchin revient sur les origines du mouvement et du terme dans son « Encyclopédie du Rythm’n’blues et de la soul » : « historiquement, le terme soul reflète l'opiniâtreté d'une communauté qui a réussi à préserver son âme africaine au long de plusieurs siècles de servitude. Le mot est apparu dans un contexte musical avec des créateurs du jazz comme Horace Silver, Cannonball Adderley ou Milt Jackson qui entendent manifester par ce vocable aux fortes connotations mystiques un respect profond, presque religieux, pour les racines de leur art. Le mot soul entre rapidement dans le vocabulaire du ghetto pour désigner l'essence même de cette négritude chère à Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor. »



A partir des années 1960, les songwriters noirs incorporent souvent un contenu social dans leur répertoire, loin des balades sirupeuses dans lesquels on cantonne trop souvent le genre. Peter Guralnick affirme : « lorsqu ‘elle quitta la clandestinité, la soul accompagna quasiment chaque étape du développement du Mouvement des Droits Civiques : son succès reflétait directement les gigantesques avancées de l’intégration, sa popularité était le miroir presque fidèle des bouleversements sociaux qui avaient lieu. »



* Ray Charles marie de manière explosive et scandaleuse le rythm’n’blues profane et le gospel sacré, avec I got a woman, sexy et torride (1954).
Au sein de la communauté afro-américaine, ses détracteurs lui reprochent d’avoir mêlé de manière sacrilège religion et amour charnel. A la suite du Genius, d’autres interprètes empruntent la même voie, à l’instar de Sam Cooke, consacrant ainsi la naissance de la Soul.
Il n’hésitera pas dans les années 60 aux Etats-Unis à participer de manière active aux mouvements pour les droits civiques visant à l’égalité raciale, en devenant l’un des piliers financiers de la NAACP. Il quitte un concert à Atlanta lorsqu’il constate que les spectateurs sont placés en fonction de la couleur de la peau. Il rencontre Martin Luther King en 1963 et dira de lui dans ses Mémoires : " Le bon docteur King, ils ont réussi à le descendre, mais ils ne pourront pas nous faire oublier son enseignement. "



* Sam Cooke, autre précurseur de la soul en gestation et ancien membre du célèbre groupe de gospel des Soul stirers, admire les talents de songwriter de Dylan, tout particulièrement Blowin’ in the wind. A son tour, il compose en 1964 ce qu’il souhaite voir devenir un hymne plein d‘espoir, A change is gonna come (« un changement va survenir ») titre poignant qui évoque les changements positifs qui interviennent enfin pour les Afro-américains.


Pochette d'un album du groupe de Curtis Mayfield: The Impressions.

* D’autres standards soul accompagnent le mouvement des droits civiques tout au long des sixties. Ainsi, les Impressions, menés par Curtis Mayfield, sont animés d’une conscience sociopolitique fièrement revendiquée dans des chansons aux titres évocateurs : I’m so proud, People get ready , Keep on pushing, We’re a winner (« nous sommes là pour gagner »), Choice of colors … puis We the people who are darker than blue par Mayfield en solo. Ce dernier prêche la tolérance comme seul moyen pour parvenir à l’idéal de fraternité de MLK. Au-delà du message, Mayfield compose des titres d’une redoutable efficacité, chantés de sa voix de falsetto.Un de ses titres les plus engagés reste le sublime (Don’t worry) if there’s hell below, we’re all gonna go [«(T’inquiètes), si l’enfer existe, nous irons tous »], vision apocalyptique d’une Amérique en flamme, dans laquelle personne n’est ménagé. Le morceau s’ouvre ainsi :

Sisters ! Niggers ! Whiteys ! Jews ! Crackers !
free music


free music


* Le soul brother number one James Brown exprime son refus du racisme en revendiquant brutalement sa négritude avec le percutant Say it loud I’m black and I’m proud (1968) (« je suis noir et j’en suis fier »), qui devient dès sa sortie un hymne fédérateur pour les Black Panthers.



« Nous préférons mourir debout / que vivre à genoux / Dis le fort : je sui noir et j’en suis fier ».

free music


Obligé d’arrêter l’école précocement, James Brown tente tout au long de sa carrière de convaincre la jeunesse des ghettos de miser sur l’éducation. Il chante ainsi Don’t be a drop-out (« ne soyez pas un élève en rupture ») en 1966, et adopte le point de vue d’un jeune qui a laissé tomber l’école :

« Il se présente à un travail /
Et Mr Man dit : /
Sans éducation /
C’est comme si vous étiez mort ».

Quelques années plus tard, il clame avec fierté I don’t want anybody to give me nothing (open the door, I’ll getit myself), « J’veux pas que quelqu’un me donne quoi que ce soit (ouvrez la porte je l’obtiendrai moi-même ».

Au lendemain de l’assassinat du Dr King, les autorités sollicitent le chanteur. Le concert qu’il donne le lendemain de l’assassinat est diffusé à la télévision, les autorités espérant ainsi retenir chez eux les émeutiers potentiels. Il multiplie alors les appels au calme à la radio. Invité par Johnson à la Maison Blanche, le Washington Post relaie ses discours et en fait l’éloge.
Par la suite, Brown sympathise avec le démocrate Hubert Humphrey qu’il soutient lors des primaires en 1968. Opportuniste avant tout, il accepte les invitations du nouveau président, Nixon. Pas à une contradiction près, après avoir dénoncé le racisme ambiant, il vante les mérites des Etats-Unis dans son Living in America, toujours en 1968.



Le président Nixon et le Godfather of soul.

* En 1966, le héraut du son Stax, Otis Redding compose son tube
Respect. Chanson machiste, dans laquelle l’interprète réclame le respect, en l’occurrence plutôt une soumission, à sa femme, lorsqu’il rentre chez lui. Ce titre prend une nouvelle dimension et surtout une tout autre signification avec la reprise d’Aretha Franklin, en 1967. Fille du célèbre pasteur C.L. Franklin, ami de MLK, la queen of soul modifie les paroles de la chanson. Pour Sébastien Danchin, « lorsque la fille du révérend Franklin demande davantage de considération, tout le monde comprend qu’elle réclame l’égalité des droits non seulement pour les Afro-américains, mais aussi et, peut-être, surtout pour la femme en cette période de montée du féminisme. »

free music


* Lassé de son image de crooner inoffensif, Marvin Gaye compose son album phare et chef d’œuvre What’s goin’ on, en 1971. Il y dépeint une Amérique malade : de la violence omniprésente, de la pauvreté qui frappe tout particulièrement les quartiers noirs difficiles [Inner city blues (make me wanna holler)], le danger du nucléaire [ Mercy, mercy (the ecology)]. Marqué par l’expérience de son frère de retour du Vietnam, il revient sur cette guerre injuste, particulièrement éprouvante pour les Afro-américains dans la chanson What’s goin’ on :

free music


Brother, brother there’s too many of you dyin’/ Mother ther’s too many of you cryin’
“Frère, frère, trop de vous meurent / Mère, mère trop de vous pleurent. »
Alors que les bombardements s’intensifient afin de peser sur les négociations récemment engagées, Marvin Gaye lance : There’s no need to escalate (« Pas besoin d’escalade »).



* La où le blues incitait plutôt à courber l’échine en dépeignant les difficultés du quotidien, la pauvreté des Noirs du sud des EU, en utilisant la métaphore ou l’ironie, la soul adopte très tôt un ton revendicatif symptomatique des changements alors en cours. Elle revendique haut et fort la célèbre d’être noire (black pride): Nickie Lee proclame And black is beautiful . A rapprocher d’un classique de l’Amérique noire, to be young gifted and black (« être jeune, doué et noir »), dont la version la plus connue reste celle de Nina Simone, en 1969.

« Etre jeune, doué, noir / oh quel rêve magnifique, précieux… »

free music



Sly and the family Stone.

Dans une veine plus funky, Sly and the family Stone multiplient les hymnes à la fierté noire ( sur l’album Stand). Ce groupe iconoclaste originaire d’Oakland milite pour les droits civiques (Everyday people) et pour l’entente entre Blancs et Noirs, à travers la chanson Don’t call me nigger, whitey (« ne me traite plus de nègre blanc-bec »).

free music


Sources principales:
- Peter Guralnick:"Sweet soul music_ rythm and blues et rêve sudiste de liberté", éditions Allia,2003.
- Sebastien Danchin:"Encyclopédie du Rythm and blues et de la soul", Fayard, 2002.